Les émotions : des indicateurs de notre météo intérieure

Nous avons tendance à catégoriser les émotions, souvent celles qui sont dites désagréables. Mais elles ne sont ni bonnes, ni mauvaises. Ce sont simplement des indicateurs de notre météo intérieure, de ce qui est en paix chez nous ou qui est resté en conflit. L'invitation est d'aller voir ce qui se cache derrière, l'origine, et de la libérer pour retrouver la paix.

Gwen à Ailes

9/20/20245 min read

Selon les études de la neuroscientifique de Harvard, le Dr Jill Bolte Taylor « Lorsqu'une personne réagit à quelque chose dans son environnement », explique-t-elle, « un processus chimique de 90 secondes se produit dans le corps ; après cela, toute réponse émotionnelle restante est simplement le choix de la personne de rester dans cette boucle émotionnelle. »

En d'autres termes, une émotion ne dure que 90 secondes. c'est tout le schéma de pensée que l'on va broder autour qui va nous amener une souffrance à court moyen ou long terme. Souvent, ce flot de pensées, jugements, freins, croyances, conditionnements, aussi appelé "mental" ou "ego", va nous pousser à ressasser ce qui s'est passé, se rappeler ce que cela a engendré et tout ce que cela pourrait signifier au travers de notre système de croyance et de blessure propre à chacun. c'est notre histoire qui façonne ce prisme Mental / Ego déformant, à travers lequel nous voyons notre vie et tout ce qui nous arrive.

Pourquoi dans une même fratrie, au même incident chacun aura une réaction différente ? c'est parce que notre mental/ego aura une cheminement, un prisme propre. Là où la colère de papa aura un effet destructeur sur l'un des enfants, elle n'aura que peu d'impact sur l'autre car il aura un autre niveau de conscience, un autre prisme. "Papa n'est pas en colère après moi, mais après lui. Sa journée s'est mal passée, son patron l'a blessé, mais n'étant pas en capacité de le verbaliser, c'est en rentrant qu'il explose. Mais ca ne m'est pas destiné". Bien sur les enfants ne réagissent pas en mettant exactement ce type de mots ou d'analyses sur les situations quotidiennes, mais cela s'accepte naturellement sans que ce soit générateur de souffrance pour eux. Chez d'autres enfants, cela crée une blessure qui pourra alors façonner une facette de son prisme avec cette expérience et la trainer pendant des années en thérapie : je suis colérique parce que mon père l'était aussi, je ne supporte pas la colère parce que je l'ai vécue enfant et je la rejette...

La question est donc : doit-on combattre nos émotions dites "négatives" quand elles se manifestent ou simplement accepter ce qui est ?

La société, et un certain type de dictats du développement personnel, peuvent nous faire comprendre qu'il ne faut pas montrer nos émotions négatives sinon on ne sera pas accepté. On apprend aux enfants (en tous cas les générations précédentes) à ne pas crier, faire de colère, ne pas pleurer "pour un rien", à être fort et courageux. Mais la vie est un équilibre, il n'y a pas de lumière sans ombre, à chercher a n'être que lumière, on enferme son ombre et celle ci rejaillira à un moment ou un autre. L'ombre, les émotions sont comme l'eau, le mental comme la pierre qui essaie de contenir le flot. L'eau trouve toujours un moyen de s'écouler, à nous de choisir si on préfère l'écoulement par une brèche ou l'explosion du rocher.

Lorsque nous combattons notre colère, nos peurs, notre tristesse, nous avons plus tendance à l'enfermer pour ne plus la ressentir qu'a vraiment la combattre. Comme un chevalier devant la grotte d'un dragon qui l'empêche de sortir pour ne pas détruire la ville, sans vraiment parvenir à le tuer définitivement. Au final qui gagnera vraiment ? Le chevalier ou celui qui restera debout le plus longtemps ? C'est épuisant d'être en lutte constante non? Surtout que l'on a vu précédemment qu'une émotion durait 90 secondes... Pourquoi ne pas la laisser se libérer plutôt que d'en faire le combat épuisant d'une vie.

La question la plus pertinente serait donc : le dragon, comme toute chose n'a-t-il pas une raison d'être la ? Que protège-t-il ?

Hormis cas pathologiques exceptionnels et encore... Ce dragon protège souvent une blessure que l'on a enfouie si profondément qu'on ne veut plus la voir, la ressentir ou entendre parler de son existence. Mais si vous vous posez à l'intérieur de vous même, en toute sincérité, qu'y a-t-il derrière ? qu'est ce qui n'est pas résolu ?

Je suis énervé par mes enfants en rentrant du travail. Je suis fatigué, déçu, blessé, parce que mon patron ne prend pas en considération mon projet. je suis en colère contre mon patron, et aussi contre moi même qui ai fait le dos rond sans rien dire. Ok, cette colère qu'est ce que c'est : je ne me sens pas considéré ? mon travail n'a pas de valeur malgré l'investissement que j'y ai mis ? Mon avis n'est pas reconnu, je ne me sens pas reconnu dans cette organisation ? Ou le million d'autres ressentis qui peuvent se , faire... Dans tous les cas, la situation vient clairement chatouiller ma blessure de rejet ! Quand on a réussi à mettre des mots sur nos émotions c'est déjà un pas de géant !

Ensuite on a 2 choix : soit on s'arrête à la verbalisation et on cherche des solutions à cette situation précise : changer de travail, montrer notre valeur plus ardemment, travailler plus fort sur le prochain projet, faire une formation etc. Soit on continue la recherche introspective, car souvent, le problème de reconnaissance avec notre patron, se pose aussi avec notre conjoint(e), nos parents, nos proches...

Pourquoi alors est-on en réaction ? si on allait chercher le traumatisme initial et tenter de le guérir pour se libérer de ces émotions en réaction. La méditation peut aider à faire l'exercice.

Fermez les yeux, et "rentrez à la maison", A l'intérieur de vous-même. Laissez l'extérieur de coté et prenez ce temps juste pour vous. Peut être juste quelques minutes dans votre voiture avant de rentrer chez vous. Au lieu de scroller un réseau social ou un jeu en ligne, utilisez ces quelques minutes pour faire le point sur votre météo intérieure et aidez vous à vous guérir. Respirez, centrez vous sur votre respiration, et installez vous dans votre cœur. Observez votre corps, vos ressentis, les douleurs, les crispations sans les juger ou les étiqueter, juste en les observant, en leur prêtant de l'attention. Pensez à la situation qui vous met en colère et observez ce qui se passe à l'intérieur de ce corps. Puis tentez de questionner sur la situation, pour en trouver l'origine. Quel est mon premier souvenir de rejet dans mon cercle familial proche ? dans mon enfance ? peut on se permettre de rouvrir la porte de ce souvenir pour revivre la situation aujourd'hui et lâcher l'émotion originelle liée ? Pleurer, crier, taper dans un coussin (moins douloureux qu'un mur) pendant 90 secondes, et lâcher ce souvenir ? Si ce n'est pas prêt, c'est ok, vous avez déjà fait un premier pas, celui de mettre des mots et d'observer vos émotions, votre corps et votre prisme.

Dans tous les cas, après cette méditation, vous sortirez de votre voiture plus en paix pour rejoindre votre famille. Certains mécanismes ont été vus, observés, et cela fait déjà lâcher une partie de la blessure. Cela vous permet aussi de rentrer dans une routine de météo intérieure, qui vous permettra à terme de manière automatique d'observer vos émotions et de les laisser passer avant même qui vous soyez surpris à les faire éclater. Ce ne sera pas une tentative de contrôle, pas du lâcher prise, mais plutôt de la "non prise" de l'émotion. Une acceptation tacite de ce qui est, sans vouloir changer ce sur quoi nous n'avons pas d'impact.

2 livres peuvent être intéressants pour débuter ces identifications et ce travail : Les 5 blessures de l'âme de Lise Bourbeau, et les 4 accords Toltèques de Miguel Ruiz.

L'objectif conscient ou inconscient de chaque personne est d'être en paix. Alors peut être est-il temps d'enseigner à nos enfants de se laisser traverser par leurs émotions plutôt que de tenter un vain contrôle ? Ne vaut-il pas mieux avoir mal 90 secondes et être en paix par la suite avec toutes les occasions de nos vies de pouvoir raviver la douleur passée ?